Un spectacle de et avec Mathieu van Berchem
Regard extérieur : Jonathan Thomas
Durée : 1h
A partir de 8 ans
Contact diffusion : mvanberchem@gmail.com
Hector Labordon est banquier. « Banquier privé », comme on dit en Suisse pour désigner les gérants de fortune qui n’acceptent que les clients dont le patrimoine dépasse largement le demi-million de francs suisses. Enfin il était banquier. Depuis peu en retraite, il cultive sa légende, ses 40 ans de service chez « Tremblay & Chouet » banque privée. Et rêve pour son fils d’un destin aussi radieux.
Hector Labordon est genevois. Bourgeois de Genève. Dans la Cité de Calvin, les enfants, quand il faut désigner celui qui va coller, ont mieux qu’Am-stram-gram : l’Emprô. « Emprô, giro, Carin, Caro, Dupuis, Simon, Carcaille, Brifon, Piron, Labordon », etc. soit une liste de très vieillies familles genevoises, dont la dernière – peut-être pas la plus prestigieuse - porte le nom aujourd’hui totalement oublié de « Labordon ».
Né et ayant grandi à Genève dans un milieu bourgeois protestant, j’ai été marqué par la façon de parler et la gestuelle de ces messieurs, banquiers ou pas, habitant comme moi les beaux quartiers. Raides comme des baïonnettes, ne sachant que faire de leur corps, ils se tordent en arrière, pour garder le plus de distance avec leur entourage, parlent les lèvres pincées et terminent leurs phrases par des « quoi ? » cherchant l’assentiment de leurs voisins. J’ai eu envie d’en faire des personnages de théâtre, des personnages clownesques.
Dramaturgie
Hector Labordon est fier de sa carrière à la banque. Au restaurant « Chez Giorgio », il entre plein de morgue, « dominant » de la tête aux pieds. Mais l’armure craquèle au fil du spectacle, à force de maladresses, de verres renversés, de serviettes arrachées, de paroles déplacées, de téléphones houleux avec « Edmonde », son épouse. Et l’on découvre ses zones d’ombre : au téléphone, son ancien patron le reconnaît à peine ; son fils, qui le rejoint au restaurant, veut quitter la banque, à son grand désespoir…
Avec Jean, son fils, qui s’assoit au bout de la table et que le public devine derrière un paravent, les silences sont lourds : témoins d’une réserve toute calviniste. On aimerait bien parler, mais on ne sait pas de quoi, il y a tant de sujets à éviter, d’autres qui se prêtent mal à une déjeuner en famille. Alors Hector meuble : « Tu es toujours au Club alpin ? », « T’en es où de son service militaire ? », etc.
Et puis le déjeuner part en vrille, l’univers si policé d’Hector explose en vol.
Mise en scène
Autant que les mots d’Hector, c’est sa gestuelle qui m’intéresse : la manière dont il se tient, comment il se tord quand il voit des gens de la « haute », ses gestes d’officier supérieur pour décrire les Alpes suisses... Il aimerait bien tenir en laisse ce corps trop long et embarrassant, mais il lui échappe toujours.
En regard extérieur, Jonathan Thomas, clown et acteur physique, m’a aidé à construire la gestuelle d’Hector.
C’est un seul en scène, mais les personnages secondaires peuplent le restaurant : au bout du fil sa femme Edmonde, hélas grippée et dont la bouillotte est percée, la serveuse jamais là quand il faudrait, son fils Jean qui file un mauvais coton mais aussi sa belle-fille Soledad, absente mais dont les « pouvoirs » sur son fils obsèdent Hector. Mais à force de n’écouter personne, Hector se retrouve seul au monde.



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